LES ATELIERS PORTES OUVERTES DE LORMES (58): Hommage au peintre JEAN DEROUBAIX - Salle du conseil de la mairie de Lormes

Jean DEROUBAIX

Jean Deroubaix est né à Herseaux , quartier de la ville de Mouscron en Belgique, le 2 novembre 1931, ville où il est décédé le 15 novembre 2023.

Il est l’auteur de plus de 2000 aquarelles, en presque 75 ans de passion pour la peinture, « le Vivaldi des couleurs, le magicien des couleurs, celui qui crée des horizons où se mélangent ciel et terre » dit de lui l’un de ses amis belges. A l'origine, il a travaillé la peinture à l'huile, avec une inspiration toute logique venue des peintres expressionnistes flamands.

Mais inspiré par nos paysages du Morvan, il s'est peu à peu tourné vers les techniques du lavis et de l'aquarelle.

Jean Deroubaix, a déclaré à huit ans qu'il allait peindre des tableaux ; il aimait à raconter que sa vocation de dessinateur et de peintre lui était venue, lorsqu'un parent lui a offert un dictionnaire sur la peinture, grâce auquel il a pu reproduire des tableaux célèbres.

Il rejoint à 15 ans l’Institut Saint-Luc, une école secondaire artistique, dans la tradition de l’enseignement général et de l’art en particulier, dans la lignée de l’œuvre de Jean Baptiste de la Salle (1651-1719). Construit en 1904, ce pensionnat est encore aujourd’hui une école lassalienne publique installée dans la banlieue de Tournai, en Belgique ; gratuite, dès l’âge de 12 ans, on y développe les compétences dans le domaine de l’art et des disciplines à caractères artistiques, dont l’approche traditionnelle allie les techniques du dessin à la créativité des élèves. Lors de ses études passées dans cet établissement, au cours des années 1946 et 1947 (il a alors 15-16 ans), il s'y est fait remarquer « par la force de son coup de crayon ».

On peut admirer deux de ses premières œuvres ci-après :

Depuis cette époque, Jean Deroubaix partage sa vie, lorsque ses expositions de peintre connu lui en donnent le temps, entre la Belgique et sa terre de cœur et d'adoption, le Morvan. Sa palette de couleurs s'est étoffée. L'aquarelle, sa discipline et l'acrylique font partie de son univers.

Il a exposé de Mouscron à Tokyo en passant par Courtrai, Lille, Roubaix, et la liste est encore longue, mais il ne faut pas oublier Lormes dans le Morvan, région d'origine de son épouse Denise, où il a exposé en 1979 dans les locaux de l’Association Culture Loisirs – club des jeunes - route de Brassy, puis du 27 juillet au 4 août 1985, et le 3 août 2012 à la mairie.

En 1986, en accord avec le receveur des postes M. Dessay Robert, il est chargé de créer une flamme postale, qui a circulé pendant de nombreuses années, ce dont il était très fier.

Autodidacte, il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages :

* « L'histoire d'Herseaux ».

* « Le dictionnaire des Wallons célèbres ».

* « Le dictionnaire de l’arrondissement Mouscron Comines, 1973, 247 pages.

* « Le dictionnaire du Hainaut » en 1989, 782 pages.

En 2008, le peintre expose sept aquarelles et acryliques dans le bureau du bourgmestre d’Herseaux. Jean Deroubaix applaudit cette invitation : « Il s'agit d'une excellente initiative d'inviter les artistes locaux ! C'est assez rare que des artistes du terroir soient mis à l'honneur. » A cette occasion, il a eu l’honneur d'être présenté par un ami de quarante ans qui apprécie son travail, Joseph van Calbergh de l'art Gallery « Optimiste ». Celui-ci déclara lors du vernissage : « Voilà qu'arrive le magicien des couleurs, celui qui crée des horizons qui mélangent ciel et terre. Celui qui fait plonger le ciel dans la mer où ils se confondent en brumes qui nous cachent les 4 saisons. Voilà donc, le voici, Jean de Roubaix de Herseaux et de la Gare qui depuis plus de 60 années nous fascine avec ce bâton-pinceau magique. Ce noble artiste ; sang bleu ? Plus que cela : le Vivaldi des couleurs, le chantre de la lumière. Parmi plus de 2000 aquarelles, dont quelques récentes ici, il nous montre la fidélité à sa conduite. En innovant, évoluant sans cesse. Il respecte sa patte, sa personnalité, la mode qui se démode ne l'intéresse pas ». Sa première exposition est organisée en 1958, au Christ Roi à Herseaux « où il montre Inquiétude et Beauté, portrait de son épouse Denise ou jeu de lumière Noir et blanc... ».

En Belgique, il est par ailleurs organisateur d’expositions d'Art religieux, il est secrétaire de la Société d'Histoire de Mouscron, professeur de dessin et de peinture, et président honoraire du Comité d'Animation d'Herseaux-Gare, dont il est la mémoire vivante du quartier. Il est tout à la fois peintre, écrivain, historien, et parfois poète.

Très féru d’architecture religieuse, il est l’auteur d’une plaquette sur les chapiteaux de l’Eglise Saint-Alban de Lormes, dont il a restauré le chemin de Croix.

En 2009, il a offert à la ville de Lormes, une de ses toiles majeures, « le Combat des Dames de Lormes », toile que l’on peut admirer dans la salle du conseil de la mairie de Lormes : depuis, trois autres tableaux donnés à la commune le 18 août 2015, le 26 mars 2018, sont aussi exposés sur les murs de la même salle de mairie.

Le 14 août 2015, De gauche à droite : André Robert, son épouse Suzanne née Rappeneau, Jean Deroubaix, son épouse Denise, née Rappeneau, Annie, née Rappeneau, Epouse de Jean-Claude Robert.

Le 6/11/2017, le couple Deroubaix remettant le tableau à la maire Odile Rappeneau.

A la suite du décès de son épouse survenu le 30 mars 2022, le peintre âgé de 91 ans, qui a maintenant beaucoup de difficultés à s’exprimer pinceaux en main, se propose de remettre à la ville de Lormes la moitié de ses œuvres stockées chez lui. L’autre partie du fond sera remise à la ville de Mouscron.

Le bureau municipal de Lormes me donne son accord et je prends sur moi d’aller chercher à Herseaux le contenu de ce don. Le 18 septembre 2022, accompagné de mon épouse et de Raymond Billardon, au volant d’un véhicule loué pour l’occasion, je pris la décision d’aller chercher moi-même, ce que je pensais être « quelques tableaux, aquarelles et pastels ».

Arrivés sur place, nous sommes accueillis par Jean Deroubaix à son domicile-galerie au 6 rue de l’épinette à Herseaux-gare ; en pénétrant dans la galerie, nous fûmes extrêmement surpris par le nombre de toiles à emmener ; il y avait jute le passage pour une personne afin d’atteindre la cuisine, les tableaux étant dressés et empilés le long des quatre murs. Un excellent repas nous attendait, qui avait été préparé à notre intention par Francesca Soudant et Josette Bapaume, ses deux amies qui s’occupent de lui journellement ; après ce moment de détente et de communication, il nous fallut plusieurs heures afin de trier, mettre en cartons les petits formats, charger le véhicule en y entassant tout ce qu’il pouvait contenir, sous le regard triste de notre auteur sans aucun doute peiné de voir s’éloigner une partie de sa vie, mais affirmant qu’il était très heureux de ce don à la commune de Lormes, « seconde patrie de son cœur ».

18 août 2022, Jean Deroubaix devant son domicile au 6 rue de l’Epinette, à Herseaux-gare ( Belgique).

Arrivés à Lormes, après un dénombrement de ce don en mairie une semaine durant, les travaux de photographies, de prises de notes, de classement par format, il est recensé 826 aquarelles, pastels, acryliques, lavis, crayonnés, 431 tableaux de toutes sortes, sur divers supports ; encadrés ou non, avec de nombreux regards sur Lormes et le Morvan, avec aussi beaucoup de portraits, de nus, de paysages, de scènes de genre, 8 dessins d’école et un carnet de 10 croquis, chacun d’entre eux étant un morceau de l’histoire de leur créateur.

Comme promis au peintre, quelques tableaux significatifs feront partie du patrimoine de la commune ; le reste de ce stock fera l’objet de plusieurs expositions et de plusieurs ventes, dont les fonds recueillis serviront à la restauration de la chapelle du Vieux-Château.

C’est un lieu cher au cœur du peintre, comme le montre une lettre de 1973, par laquelle il s’était proposé de décorer cette chapelle qu’il admirait beaucoup.

Nous souhaitons évidemment que la population lormoise, ainsi que de nombreux amateurs de peintures, servent la noble cause de la sauvegarde du patrimoine local, en décidant d’acquérir, qui un pastel, qui une aquarelle, qui une toile. Merci d’avance !